Album 2 : The number of the beast.

Quarante ans de « The Number of The Beast », Iron Maiden, sorti en Mars 1982.

(10-03-22 by Carballeda Manu)

Le 22 mars prochain, cela fera quarante ans que Iron Maiden sortait cet album mythique, genèse de la formation avec Bruce Dickinson.

Dans le courant de l’année 1981, Iron Maiden avait déjà sorti deux albums, Iron Maiden et Killers, qui avaient été très bien accueillis et avaient placé le groupe britannique parmi les leaders de la « New Wave of British Heavy Metal ». Mais lorsque Steve Harris, fondateur et bassiste du groupe, se rend accompagné du manager Rod Smallwood au festival de Reading au cours de l’été 1981, ce n’est pas juste pour le plaisir ou pour savourer les bienfaits d’une notoriété et d’un succès croissants. Car tout n’est pas rose au sein du groupe, les excentricités du jusqu’alors chanteur Paul Di’Anno en agaçaient plus d’un et commençaient à mettre en péril l’ascension du groupe, et ça Steve Harris n’était pas disposé à l’accepter.

L’album complet via YouTube :

La raison de leur présence : assister au concert du groupe Samson, et surtout voir à l’oeuvre un certain Bruce Dickinson dont la puissance semblait s’accorder avec le style de Maiden. Quelques concerts aux Pays Bas et en Italie ont suffi pour que « Air Raid Siren » devienne le nouveau chanteur, confirmant qu’il était bien « the right man in the right place » grâce à son charisme et à la puissance de sa voix. 
Pas encore totalement démis de ses fonctions chez Samson, Dickinson ne participe pas à la composition du troisième album, se contentant juste de donner son avis. L’enregistrement de « The Number of The Beast » (TNOTB) se déroule sur cinq semaines entre les mois de janvier et de février 1982, non sans quelques phénomènes curieux qui ont contribué à la légende de l’album : des lampes qui s’allument et s’éteignent sans explication, des enregistrements qui disparaissent, des consoles qui tombent en panne, etc. Mais le plus insolite des événements qui ont émaillé l’enregistrement  reste sans doute l’accident de voiture du producteur Martin Birch survenu au retour d’une session de travail sur le morceau consacré au numéro de la Bête. Il recevra pour les réparations une facture de 666 livres sterling, mais en paiera une de plus, histoire de conjurer le sort.   

Le troisième opus de Maiden commence par un morceau incisif aux réminiscences historiques et à la dimension prémonitoire. En effet « Invaders » évoque l’invasion des Vikings et les conséquences des combats contre les Saxons de Grande Bretagne, vus du côté des assiégés. Mais le thème n’est pas sans annoncer une autre invasion célèbre, celle survenue quelques semaines après la sortie de l’album avec la prise des Malouines, un archipel sous gouvernance britannique au large des côtes sud-américaines, par les forces armées argentines. Ou plus près de chez nous, celle de la marée transalpine orchestrée par les coups de klaxons assourdissants de chars à quatre roues, dans les rues des cités wallonnes, la nuit du 11 juillet 1982. Parfois décrié, « Invaders » reste un morceau puissant et dynamique aux solos rapides qui usent de la technique du tapping rendue célèbre par Eddie Van Halen en 1978. Une excellente mise en bouche pour capter l’auditeur et confirmer que Bruce Dickinson est une vraie plus-value. 

Avec « Children of the Damned », on est déjà dans l’excellence. Le titre évoque un film de science-fiction du même nom sorti en 1960. Une intro acoustique mélodique et apaisante, un refrain puissant et efficace et un changement de rythme dont Maiden a le secret débouchent sur une succession d’accords impressionnante. L’ensemble s’appuie sur la basse omniprésente de Steve Harris, et sur les guitares de Adrian Smith et Dave Murray qui se défient dans un crescendo époustouflant.    

Inspiré d’une série britannique des années soixante, « The Prisoner » est un plaidoyer pour la liberté. Composé en partie par Smith, le guitariste y laisse son empreinte dans un solo mélodique qui permet aussi de mettre en valeur le jeu de batterie de Clive Burr, dont ce sera le dernier album avec Maiden.

Le dernier titre de la face A du vynil, « 22 Acacia Avenue » poursuit les aventures d’un personnage probablement fictif apparu dans le premier album, « Charlotte the Harlot ». Un riff dévastateur, un morceau solide et puissant qui clôture de façon magistrale une première partie qui brille par sa diversité et impressionne par sa consistance.  

La seconde partie de l’album nous livre quelques morceaux incontournables qui font la légende du groupe.
D’abord, le mythique « The Number of the Beast » évoque un songe de Steve Harris qui se retrouve au sein d’un rassemblement à caractère sataniste. Loin d’en faire l’éloge, l’auteur semble livrer ici une mise en garde vis à vis de ce genre de pratiques. Avec son refrain immortel, TNOTB est devenu un classique du Metal des années 80 et un incontournable de toutes les setlists de Maiden.

Il est suivi par le premier single de l’album « Run to the Hills » (le second sera THOTB en avril 1982) qui résonne comme un cri contre l’occupation et la colonisation des Indiens d’Amérique par les blancs. 

Le morceau « Gangland » est une des rares compositions de Clive Burr. et reste le point faible de l’album. Disons qu’il sert de transition entre « Run to the Hills » et le chef d’oeuvre qui suit. « Hallowed be Thy Name » relate les sentiments d’un prisonnier condamné à la pendaison en passe de quitter ce monde : incompréhension, révolte, résignation et finalement une note d’espoir car la mort n’est qu’une illusion.  Sentiments contrastés transmis de manière prodigieuse par un Bruce Dickinson en état de grâce. Harris nous sort un morceau puissant et consistant de sept minutes qui exprime peut-être le mieux la style Iron Maiden : des duels légendaires à la guitare, une batterie qui complète une basse qui ne cesse de galoper, et une voix qui atteint des registres rarement égalés. Un pur régal, un véritable colophon pour une oeuvre qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Heavy Metal.   

Auteur : Carballeda Manu