(01-04-22 by Tagada)
Qui pensait que la guerre allait à nouveau venir frapper aux portes de l’Europe?
Après les conflits en ex-Yougoslavie au début des années nonante, nous sommes de nouveau en train de trembler.
Est-ce que le rock, c’est avoir un esprit contestataire ? Est-ce que le rock, c’est être rebelle ? Le ‘’rock’’ peut+il promouvoir la paix ? Nous avons envie de répondre par l’affirmative.
Faisons le point en quelques chansons des artistes qui ont utilisé l’art de la musique et de la parole pour s’opposer à une guerre, promouvoir la paix, provoquer des prises de conscience et soulever l’opinion à l’opposition.
En 1995, U2 et Luciano Pavarotti s’unissent pour chanter ‘’Miss Sarajevo’’.
Le clip est un montage provenant de trois sources différentes dont le concours de beauté qui est décrit dans la chanson.
Ce concours de beauté, c’est l’élection de miss Sarajevo, organisé en plein bombardement. La gagnante de ce concours, Inela Nogic, sera plus tard invitée sur scène par le groupe lors de leur concert à Sarajevo en 1997. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Miss_Sarajevo)
Un peu plus tôt, en 1991 sur l’album ‘’Use your Illusion II’’, les Guns n’ Roses sortent ‘’Civil War’’. Dernier morceau sur lequel apparaîtra Steven Adler. Il sera viré par la suite pour des problèmes d’addiction.
La chanson, écrite par Axl Rose, décrit une enfance durant laquelle il était frappé par son père biologique, tout en faisant le lien avec les soldats qui sont contraints à se battre et qui se font massacrer. Une chanson qui alterne les passages calmes et l’énergie des guitares saturées qui caractérisent si bien ce groupe.
Dans un son beaucoup plus épuré, comment passer à côté de ‘’Imagine’’ de John Lennon.
En 1971, cette chanson est un véritable hymne à la paix, rempli d’utopies, où le monde serait une grande fratrie.
Paradoxe de cette chanson, John Lennon sera assassiné moins de dix ans plus tard.
Nous sommes à ce moment en plein dans la guerre du Vietnam, une guerre qui s’enlise et qui n’en finit plus.
D’ailleurs, cette guerre du Vietnam aura probablement été une des périodes les plus prolifiques en terme de ‘’protests songs’’ aux USA. Il y a eu probablement autant d’artistes qu’il n’y a eu de balles perdues, certains n’hésitant pas à critiquer ouvertement les institutions américaines à coup de texte aux allures de napalm, ouvrant carrément un nouveau style de musique. De l’acoustique jusqu’à la genèse du ‘’Heavy Metal’’.
N’oublions pas qu’à cette période, les droits civiques sont au cœur des tensions américaines.
On peut citer bien évidemment ‘’Blowin’ in the wind’’ de Dylan en 1962.
On ne peut passer à côté de ‘’Fortunate son’’ de CCR. Sorti en septembre 1969, ce morceau ne propose pas une attaque explicite de ce conflit en particulier. Cependant, les références évidentes aux élites américaines qui donnent naissance aux « fils fortunés » et surtout l’absence de prise de responsabilité de ces familles dans le coût humain de la guerre sont facilement mises en relation avec le contexte d’alors. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fortunate_Son).
Une pensée aussi pour Born To Wild de Steppenwolf, ainsi que toutes les chansons de films liés à ce contexte comme ‘’These boots are made for Walking’’ de Nancy Sinatra qui fut utilisée dans Full Metal Jacket.
Il n’y a pas que les guerres internationales qui ont marqué l’histoire du rock. Il y a aussi les guerres civiles ! Le conflit nord-irlandais est souvent évoqué comme dans ‘’Sunday Bloody Sunday’’ de U2 qui parle du ‘’Bloody Sunday’’ : des personnes pacifistes qui organisait une marche pour mettre fin aux pratiques discriminatoires envers les catholiques, ou encore ‘’Zombie’’ des Cranberries qui sort en 1994 et fera un véritable carton.
Impossible de passer à côté de l’album »The Final Cut » de Pink Floyd. Un album qui trouvera son inspiration dans la réponse disproportionnée de Thatcher à l’invasion des Malouines, et le souvenir du papa de Roger Waters mort durant la seconde guerre mondiale.
La lutte des classes et les révoltes ouvrières seront aussi des graines qui feront germer des chansons. C’est d’ailleurs avec une chanson de Pete Segers, ‘’Wich Side Are you on ?’’ que le groupe Iris gagnera à Charleroi sa première reconnaissance en remportant le festival de la chanson ouvrière et révolutionnaire.
Les capitalistes ‘’punks’’ de Green Day n’ont pas oublié leur origine en reprenant ‘’Working Class Hero’’ de John Lennon sur une compilation pour le Darfour, en 2007.
Working Class Hero, considérée comme une des chansons les plus cinglantes et ouvertement politiques de John Lennon, Working Class Hero explore les thèmes de l’aliénation et du statut social, de l’enfance à l’âge adulte. Cette chanson exprime le ressentiment de Lennon vis-à-vis des idéologies qui manipulent les masses. Elle dénonce, entre autres, la société de consommation.
Elle a été très controversée, car elle fut l’une des premières chansons populaires à contenir le mot « fucking » (deux fois). Contrairement à l’édition originale US, certaines éditions dont celle australienne voyaient le texte imprimé sur la pochette intérieure de l’album contenir des astérisques en remplacement des mots « obscènes » ; les notes de bas de page indiquaient qu’ils avaient été censurés sur la requête de la maison de disques EMI. En Australie, on écoutait la chanson sans ces mots.
« Keep you doped with religion and sex and TV,
And you think you’re so clever and classless and free,
But you’re still fucking peasants as far as I can see. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Working_Class_Hero
Renaud chantera ‘’Hexagonne’’et, plus tard, dans un autre contexte ,‘’Mannathan-Kaboul’’ (non sans quelques erreurs puisqu’il s’agit d’un 767 et non d’un 747).
Enfin, vient la révolte des cœurs et des droits civiques, notamment l’abolissement de l’apartheid ou encore la défense des droits de la femme.
On citera Johnny Clegg avec Asimbonanga. Titre rendant hommage à Nelson Mandela et qui signifie ‘’Celui qu’on n’a pas vu’’, car les photos de Mandela étaient illégales et donc personne ne savait à quoi il ressemblait.
Neneh Cherry défendra les femmes avec son titre ‘’Woman’’ en 1996. Le titre a été créé pour réinterpréter le succès de James Brown en 1966 It’s a Man’s Man’s Man’s World. Les paroles de Woman décrivent les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées dans la vie. (source : https://klerviamusic.fr/woman-neneh-cherry).
Souchon défendra son ‘’Soudan’’ en 1993, un véritable hymne à la tolérance. La chanson évoque l’arrivée d’un migrant soudanais dans une ville d’Europe qui se trouve déjà heureux de vivre dans un pays en paix. Cependant, la chanson dénonce l’indifférence et l’intolérance des Européens face aux situations difficiles des migrants et le racisme qui va avec (https://fr.wikipedia.org/wiki/C%27est_d%C3%A9j%C3%A0_%C3%A7a_(chanson)), après que France Gall, en 1987, ait fait connaitre à la terre entière qui était ‘’Babacar’’ et mettant en lumière toute la misère de l’Afrique.
Dans »The Number Of The Beast », Iron Maiden critique la colonisation forcée des blancs dans les territoires d’indiens d’Amérique.
Enfin, il y a 30 ans déjà, un groupe va faire de la ‘’rébellion’’ son leitmotiv – et par la même occasion sa planche à billets – en s’insurgeant contre toutes les injustices qui les inspiraient : ce sont les ‘’Rage Against The Machine’’, notamment avec leur tube ‘’Killing In The Name’’.
Depuis, à part peut-être le ‘’Boss’’, il ne reste plus grand monde.
Quelques groupes français perdurent comme derniers piliers de la chanson contestataire. On citera par exemple ‘’No one is innocent’’ avec ‘’la peur’’, Matmatah avec ‘’Marée haute’’ ou bien évidemment ‘’Noir Désir’’, avec ‘’Un jour en France’’, ‘’fin de siècle’’ ou ‘’L’homme pressé’’.
Il y a, au niveau plus régional, le groupe Cinkao qui défendra les conditions plus que difficiles des ‘’filles’’ exploitées dans les réseaux de prostitution avec le morceau ‘’Vie de Chien’’, sans oublier de prendre position sur toute une série de thèmes déjà abordés dans cette chronique comme ‘’Face à Face’’.
Et si Cinkao était le dernier groupe de rock francophone à oser prendre position sur des sujets engagés ?
En tout cas, une chose est sure, si d’un côté, on ne peut plus rire de tout car il faut être ‘’politiquement »correct » avec tout le monde’’, dans le monde du ‘’rock’’, l’esprit critique semble avoir laissé de plus en plus sa place à des suceurs de fric n’ayant plus grand-chose à raconter si ce n’est leur ‘’frasque’’ dans les tabloïds en affichant leurs vacances de rêve à leurs ‘’followers’’, plus soucieux de faire bronzer leur petit cul d’égoïste que de composer avec des textes ‘’qui dérangent’’. On est bien loin d’un engagement politico-culturel.
Du coup, on regrette Balavoine, un des rares qui osait dire »merde » à Mitterrand en défendant plus qu’une génération et appelait déjà ‘’Au secours’’ tel un visionnaire, de ‘’L’Aziza’’ à ‘’tous les cris, les S.O.S.’’.
Bref, le rock, ce n’est pas juste mettre le volume à fond, c’est aussi distiller un message et défendre les causes ‘’justes’’. Et si toute cette actualité allait servir d’inspiration ?
On croise les doigts, au risque de devenir ‘’antisocial’’ et de perdre son sang-froid.
La playlist avec les morceaux cités est disponible.
Bonne écoute.
Peace and love.
Tuice.
Auteur : Tagada.